Réconciliation, à quel prix ! (par Babacar Diop)

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Une loi d’amnistie en faveur des prisonniers politiques sera débattues en plénière ce mercredi à l’assemblée nationale. Dans l’exposé des motifs, il est mentionné que le projet de loi intervient pour amnistier les infractions commises tant au Sénégal qu’à l’étranger et couvrant une période allant de 2021 à 2024. Le législateur promet par cette initiative de «vouloir favoriser l’exercice démocratique dans un contexte de dialogue et d’ouverture politique».

En réalité, tous ceux qui ont été livrés à l’arbitraire, dans la période allant de 2021 à 2024, méritent des excuses publiques. En interdisant des manifestations pacifiques ou en arrêtant d’honnêtes citoyens innocents, les autorités ont piétiné l’Etat de droit et injustement privé des individus de leur liberté. Après avoir très souvent obéi à leur instinct, certains gouvernants veulent maintenant agir suivant leur conscience, sans doute tourmentés, par l’inélégance de leurs actions. Hélas, durant ces douze dernières années, l’ignominie a parfois primé, sous le couvert de la boulimie de puissance.

Des citoyens innocents n’auraient jamais été emprisonnés dans un pays où chaque entité joue pleinement son rôle. Tout comme ne saurait prospérer des actes criminels, des pillages , des bandits de grands chemins. Ces délinquants méritent sanctions, pour l’exemple et la postérité.

Dans une chronologie logique, les uns et les autres doivent d’abord reconnaître leurs propres dérives.  Il revient à chacun de faire amende honorable pour ensuite permettre au prochain président de la République d’ouvrir une page nouvelle qui réparera les injustices.

Le temps du fléchissement et des compromis est dépassé. Le peuple réclame un espace politique apaisé et non une théâtralisation dont le dénouement ne viserait qu’à louer la «grandeur» et la clémence des gouvernants. Ceux-là ont bénéficié douze ans de possibilités, pour véritablement apaiser le climat social, si tant bien qu’ils le désiraient réellement. Qu’on ne vienne pas alors nous importuner avec la rengaine du «régime magnanime». L’illusion de la perte du pouvoir ne devrait pas nous précipiter dans les abîmes de l’histoire.

Source : Seneweb

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