Grève dans le secteur des transports : Les Waar Gaindé tirent le frein en main

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C’est par un grand rassemblement organisé au rond-point Stade Lat-Dior, ce vendredi 12 avril 2024, que l’Association nationale des chauffeurs de «Taxi Allô-Dakar» (Aand) a tenu à observer une grève générale, pour fustiger «l’augmentation des taxes hebdomadaires qui sont passées de 6 000 à 15 000 F». Le président de l’Anad, Abdoulaye Ndiaye dit Rim, et ses camarades, qui interpellent les nouvelles autorités étatiques en charge du transport, essaient de sortir leur secteur de cette situation clandestine à la fois réprimée et aussi tolérée.

Par Cheikh CAMARA – Les «Taxis Allô Dakar» ont observé hier une grève générale. L’Association nationale des chauffeurs de «Taxi Allô Dakar» (Waar-Gaïndé) (Anad) du Sénégal a paralysé son secteur pour dénoncer l’augmentation des taxes hebdomadaires qui sont passées de 6 mille à 15 mille F.
Aujourd’hui, l’Anad demande à l’Etat «la régularisation de notre secteur qui verse beaucoup d’argent au Trésor public, car nous contribuons considérablement à l’économie nationale du fait que chaque voiture paie au minimum 600 mille F par mois sur l’autoroute à péage». Dans un passé récent, d’ailleurs, ces chauffeurs-grévistes, face à leur «dur quotidien qui empire de jour en jour», avaient entrepris une série de visites auprès des khalifes généraux des foyers religieux du pays (Tivaouane, Touba, Thiénaba, Yoff Layène), pour dénoncer le fait d’«être constamment appréhendés par les Forces de l’ordre, en particulier sur l’autoroute à péage Ila Touba, où plus de 300 de nos véhicules ont été saisis et immobilisés». Ils disent avoir, alors, en vain, tapé à toutes les portes pour entrer en contact avec les interlocuteurs compétents pouvant les édifier sur les véritables raisons de tels faits.

Aujourd’hui, ils tendent de la main au Président Bassirou Diomaye Faye pour la régularisation de leur secteur. Ils renseignent que près de 800 véhicules «Allô-Dakar» quittent tous les jours Thiès pour desservir des villes comme Dakar, Touba, entre autres.

Traque des chauffeurs de «Taxi Allô-Dakar»
Auprès des chefs religieux du Sénégal, entre plusieurs autres autorités du pays rencontrées, le président de l’Association nationale des chauffeurs «Allô Dakar» du Sénégal, Abdoulaye Ndiaye, et ses camarades, ont tenté de trouver les «voies et moyens susceptibles de régulariser notre secteur d’activités». Ils leur ont fait d’abord comprendre «contribuer, par jour, entre 200 et 300 millions F Cfa, à l’économie nationale, à travers le carburant, les visites techniques, les taxes, l’assurance. Les 400 voitures recensées paient en moyenne une trentaine de millions F Cfa par jour sur l’Autoroute à péage». «Nous vivons, depuis quelques années déjà, une situation intenable, inacceptable et intolérable, dit M. Ndiaye. En 2022, plus de 300 de nos véhicules ont été immobilisés au niveau de la Légion de la gendarmerie de Mbao sans explication, et nous n’avions pas d’interlocuteurs pour régler cette situation.» Il énumère les différents points de leur plateforme revendicative : «Arrêt des tracasseries sur les routes au Sénégal, un meilleur traitement des jeunes entrepreneurs sénégalais qui s’activent dans le domaine du transport «Allô Dakar» et une meilleure considération  et l’accompagnement des jeunes entrepreneurs par les autorités du transport au Sénégal.» Le Président Ndiaye peint leur situation à la couleur du goudron : «Le quotidien des chauffeurs «Allô Dakar» ou «Allô Taxi» n’est pas de tout repos avec les tracasseries liées aux contrôles de routine des Forces de l’ordre qui les débusquent pour le délit d’exercice illégal de transport. Depuis que nous avons démarré nos activités, nous sommes constamment traqués, interpellés et sanctionnés par le biais des contreventions. Il fut un moment, tous ceux qui étaient pris étaient déférés au Parquet. Il faut y ajouter l’inculpation, ces dernières années, de plus d’une cinquantaine de chauffeurs de «Taxi Allô Dakar» à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Thiès pour les délits de «mise en danger de la vie d’autrui» et de «transport irrégulier de personnes» en rapport avec la loi 2003-04 du 27 mai 2003 portant orientation et organisation du transport terrestre en son article 35.»

Aujourd’hui, le débat sur la légalisation de ce secteur, qui est déjà une réalité, fait rage. Mais, il faudra assurer une révision des textes qui régissent le secteur du transport. «Il faut le faire dans l’intérêt général, car les textes sont presque obsolètes», assure Abdoulaye Ndiaye. Pour lui, il faut s’adapter : «Ce phénomène de transport interurbain, très en vogue, reste aujourd’hui la préférence d’une large frange des voyageurs en partance pour Dakar, Saint-Louis, Mbour ou ailleurs. Ces usagers, de nos jours, ont fini de fuir les gares routières pour, disent-ils, échapper à l’enfer des transports réguliers avec souvent des véhicules obsolètes devenus presque des cercueils ambulants.» Sa régularisation permettra de régler «les mille et un cas d’indiscipline caractérisée presque érigée en loi au sein de la communauté des chauffeurs et apprentis. Ces luxueux moyens de transport interurbain «Allô Dakar» rendent d’énormes services aux usagers (clients). De Dakar à Touba, de Mbour à Kaolack, de Dakar à Saint-Louis, les voyageurs sollicitent leurs services», ajoute-t-il.

Légalisation des «Allô Dakar» ou du «covoiturage» au Sénégal
Par ailleurs, l’Association nationale des chauffeurs «Allô Dakar» du Sénégal insiste sur son importance dans l’offre de transport, qui était devenue archaïque à cause du vieillissement du parc automobile. Cela a favorisé leur boom. «Face à la problématique du transport interurbain à Dakar et dans les grandes villes du pays, des jeunes Sénégalais, dans la recherche de solutions pratiques et novatrices, ont pensé nécessaire de développer le «covoiturage» (Allô Dakar) dans toutes les grandes villes du Sénégal», explique le président de l’Anad.
Cette innovation a «connu un grand succès partout au Sénégal, malgré les restrictions de la loi (défaut de licence de transport)». Pour «l’encadrement et la légalisation du covoiturage au Sénégal», ces chauffeurs affichent leur détermination pour l’institutionnalisation de ce type de transport. «Nous sommes d’honnêtes citoyens débrouillards, consciencieux, travaillant à la sueur de notre front pour gagner dignement notre vie, avec des voitures en très bon état, ayant le confort et la sécurité», ajoute-t-il.

L’Association nationale des chauffeurs «Allô Dakar» du Sénégal tient à rappeler : «Les innombrables bienfaits des voitures «Allô Dakar», notamment en termes de limitation de la saturation des routes et de l’espace public, de réduction du budget du transport, d’impact sur l’environnement et de promotion des valeurs de solidarité, en passant par la sécurité, le confort et surtout la lutte contre le chômage des jeunes.» Et de poursuivre : «Nous sommes des citoyens sénégalais, des entrepreneurs qui, de nos jours, avons créé plus de 10 mille emplois directs sur toute l’étendue du territoire national, des responsables de familles dont les 90% sont constitués de jeunes de moins de quarante ans, qui ont à nourrir plusieurs dizaines de milliers de Sénégalais.» Par conséquent, ces acteurs du transport interurbain aspirent à «être encadrés» et la «régulation de nos entreprises». Pour eux, «si le secteur a évolué très rapidement, c’est simplement parce que, contrairement à nous, les transporteurs traditionnels qui évoluent au niveau des grandes gares routières utilisent les chauffeurs des décennies durant avec un traitement qui laisse à désirer, presque inhumain, parce que n’ayant pas un bon salaire et sans prise en charge au niveau de l’Ipres, encore moins une couverture sanitaire».

Et ce sont ces chauffeurs «opprimés» qui, «aujourd’hui, excédés, dégoûtés par cette forme d’exploitation inhumaine, ont finit de créer ce système «Allô Dakar» grâce à des financements bancaires, des «tontines», etc.», explique Abdoulaye Ndiaye.

Source : Lequotidien

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