Guillaume kurek, directeur général de la Gco : «Il est hors de question pour nous de ne pas être exemplaire sur l’ensemble de nos obligations»

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La société Grande côte opérations (Gco), fait partie des entreprises minières à qui l’Etat du Sénégal a cédé des concessions minières. Ayant démarré ses activités dans le département de Tivaouane, région de Thiés, la Gco s’est déployée cette année 2023 dans la région de Louga, plus précisément à Lompoul, impactant l’activité touristique. Dans cet entretien, son dicteur Guillaume Kurek, revient sur l’expansion de leur périmètre d’exploitation du sable miner (le zircon et ses dérivés) notamment et la gestion des impactés à Lompoul et dans la zone des Niayes. Guillaume Kurek évoque aussi, l’alimentation des Fonds miniers, une obligation des entreprises, et le recrutement de la main d’œuvre locale, une autre exigence de l’Etat du Sénégal envers multinationales en charge de l’exploitation minière.  

La Gco n’était jusqu’à un passé récent présente que dans le département de Tivaouane ; expliquez-nous l’expansion de votre entreprise à Lompoul cette année, ainsi que vos projets futurs ?

L’Etat du Sénégal a confié à la Gco une concession de 105 km de long, qui traverse la région de Thiès et la région de Louga. Dans la région de Thiès, on a des installations fixes qui n’ont pas bougées, comme notre usine de séparation des différents minéraux, le camp et certains ateliers. En revanche, notre mine évolue et se déplace sur un lac mobile. On a commencé notre expansion en 2004 dans la région de Thiès. Et cette année 2023, on a basculé de la région de Thiès à la région de Louga. On a une expansion géographique de notre activité qui se déplace vers le Nord. Elle va continuer vers le nord jusque vers les années 2030-2032 puis si on reste dans le même programme qu’aujourd’hui, on reviendra et on regagnera la région de Thiés autour des années 2033, donc dans une dizaine d’années.

L’élargissement de votre mine à Lompoul a créé une polémique. Les populations locales ont tenu une conférence de presse pour décrier le montant des indemnisations. Qu’est-ce-que cela vous inspire ?

Je ne suis pas sûr qu’il y ait eu tant de mécontentements que ça localement. On ne touche pas à la zone des Niayes, ni à la bande des filaos qui protège le littoral. On est vraiment dans cette zone d’exploitation avec une interaction avec les communautés qui, lorsqu’on met en place notre programme RSE, nos compensassions, déplace des populations, met en place des programmes de réinstallations avec amélioration du cadre de vie ; on a des populations qui apprécient et qui magnifient le travail de la Gco.

Maintenant, il est vrai, on entend des voix qui se sont élevées parfois ; je pense que c’est souvent par méconnaissance de notre situation. La plupart du temps, les voix qui s’élèvent, viennent de personnes qui ne nous ont pas encore rencontrées. Il y a de cela un peu plus d’un an maintenant, on a eu à recevoir les trois communes de Loumpoul, avec les maires, les conseillers municipaux et les habitants. Plusieurs d’entre eux, nous ont clairement dit, à la fin de la journée, qu’ils étaient activistes vigoureusement remontés contre la Gco, contre le principe d’une mine qui exploite des ressources naturelles et questionnant les retombées pour le pays. A l’issue de la journée, chacun magnifiait le travail qu’on fait parce qu’on essaie de faire ce travail avec beaucoup de valeurs, on fait le travail pour valoriser les ressources naturelles du Sénégal. On le fait pour les communautés locales. 30 à 50% de nos chiffres d’affaires, reviennent au Sénégal. On a fait un pari important de développer cette mine, un gisement qui était extrêmement pauvres. On a vraiment l’obligation de réussir.

Il y a eu des griefs sur les indemnisations, supposant qu’elles ne prennent pas en compte les vergers, champs, et autres installations hydrauliques. Que répondez-vous ?

Les indemnisations que l’on fait lorsqu’il y a un champ à déplacer sont basées sur des référentiels internationaux et sont quatre fois supérieur au barème de l’Etat du Sénégal. Nos niveaux d’impenses sont très satisfaisants, très bons. Lorsqu’on a déplacé une maison, on veille à faire un recensement des personnes qui y vivent. Souvent, on se rend compte qu’il y a des cellules familiales composées de plusieurs familles, sous un même toit. Lorsqu’on reconstruit des villages, on veille que là où il y’avait une maison avec trois familles, qu’on puisse mettre trois maisons à leurs dispositions. Ce sont des maisons avec de l’eau courante, de l’électricité et des installations communautaires comme les écoles, les mosquées et les «daaras» (écoles coraniques).

Ce n’est pas suffisant parce qu’on a eu à déplacer des hameaux et ça veut dire un déplacement des possibilités de cultures ; donc on donne les terres de remplacement qui sont équipées de motopompes, des semences et le temps que les champs se remettent en place, on subvient au besoin des familles. En termes d’indemnisations, sur le parcours de la drague, au fil des années, toutes les personnes qui ont eu à suivre un processus d’indemnisation sont extrêmement satisfaites. En revanche, il y a deux points qui doivent être signalés : on a beaucoup de spéculations, des gens qui cherchent à se faire indemniser se mettent sur le chemin de la drague, créent des champs, se mettent à désherber, pour se retrouver sur le chemin de la mine. Si cela existe, c’est qu’on a un système d’indemnisation positif.

L’expansion de votre mine à Lompoul a impacté l’activité touristique. Que proposez-vous en guise de compassassions ?

Sept (07) camps sont recensés à Lompoul. Le gouvernement a mis en place, en juillet 2021, une commission pour évaluer l’ensemble des impacts à considérer dans le processus de compassassions, les Eaux et Forêts, le Service Touristique, le Service de l’Eau, le Foncier, entre autres, ont aidé à faire ce recensement et à définir des barèmes de compassassions.  Aujourd’hui, cinq (05) des sept (07) camps qui exerçaient à Lompoul ont été indemnisés. Globalement, pour nos indemnisations au niveau de Lompoul, les constructions qu’on est en train de faire pour améliorer le dispositif de compassassions, en mettant en place un nouvel outil touristique qui est l’oasis, on parle de montant qui va être supérieur à 3 milliards.

Au-delà de notre obligation légale qui était de gérer les compassassions auprès des sept (07) lodges qui ont perdu leur espace au niveau du désert de Lompoul, sur conseil du ministre de tutelle, du ministre des Mines et de la Géologie, Oumar Sarr, et avec l’assistance toute particulière du chef de l’Etat, Macky Sall, qu’on a rencontré en 2022, on a voulu préserver la destination touristique qui fait partie du circuit entre Dakar-Saly et Saint-Louis. C’est souvent un temps d’arrêt pour une nuit au niveau de Lompoul. On s’est posé la question de ce qui est possible de faire et on a décidé, avec la tutelle, de faire une réhabilitation un peu différente non pas avec de la revitalisation, mais à travers la création d’un désert et d’un oasis qui vont permettre de maintenir l’activité des sept (07) lodges actuels de Lompoul, pour améliorer l’offre au niveau des touristes, avec la possibilité de passer plus d’une nuit, avec des séjours qui vont se rallonger grâce à l’oasis et la piscine qui a été créer, de diversifier l’offre avec la mise en place d’une activité au niveau de la bande maritime. La plage, sur une bande d’un kilométré, a été complément nettoyée. On est sur quelque chose qui va monter, en termes de standing. Aujourd’hui, il y a cent six (106) emplois au niveau du désert de Lompoul, nous estimons qu’il y a un potentiel bien supérieur dans ce nouveau site.

On reproche souvent aux sociétés étrangères de ne pas recruter assez de ressources humaines chez les Sénégalais, comme indiqué par les textes. Ou, si recrutement est effectif, ce sont pour des postes sans une grande responsabilité. Qu’en est-t-il de la Gco ?

La Gco, depuis sa création, a eu à faire appel à des personnes venant d’ailleurs. Depuis le début et jusqu’à aujourd’hui, c’est une cinquantaine de personnes qui viennent de l’étranger, sur huit cent (800) collaborateurs. Je dirai même deux mille (2000) collaborateurs puisque lorsqu’on intègre l’ensemble des Groupement d’intérêt économique (Gie), des sous-traitants qui travaillent en permanence, on est mille neuf cent (1900) personnes. L’autre point de la question très important, est celle de savoir si les 50 étrangers sont tout en haut et que la Direction est finalement réservée à ces derniers, pas du tout ! Si on a eu à faire appel à ces gens, c’est pour des métiers souvent très techniques spécialisés par rapport à une technicité toute particulière qui est celle des sables minéralisés. On est allée chercher des personnes avec une expérience particulière et ce sont des agents qui ont des postes souvent de supérieur intendants c’est-à-dire, des niveaux intermédiaires dans la hiérarchie et qui ne sont pas seulement dans la hiérarchie mais pour apporter de la formation, des conseils aux opérations.  Nos managers sont Sénégalais, nos cadres sont Sénégalais, le directeur est sénégalais, le président du Conseil d’administration est sénégalais. La plus grande partie de nos employés vient de la région directe, Diogo, Mekhé, Tivaouane…

Le versement à des Fonds miniers est une obligation qui incombe aux entreprises. Est-ce-que la Gco s’acquitte de ses devoirs ?

 On verse à l’ensemble des fonds auxquels on doit le faire. Je ne peux pas répondre autrement. L’ensemble des fonds auxquels, nous devons faire des versements, nous le faisons. La Gco veut être un exemple.  Il est hors de question pour nous de ne pas être exemplaire sur l’ensemble de nos obligations.

Source : Sudquotidien

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