À quoi sert la religion ?

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Ce matin en écoutant l’émission matinale de l’imam Maodo Malick Fall sur Dabakh FM, il a rappelé une dimension fondamentale de la religion en ces termes : « la religion ne se limite pas à la prière, aux prêches, aux gamou, magal et ziarras comme on sait si bien le faire chez nous. Elle n’aurait pas de sens si elle ne se limitait qu’à cela. Elle doit aussi s’intéresser aux problèmes de la société ». En d’autres termes le prêcheur doit se préoccuper de la condition de ses semblables et prendre une position conforme à l’enseignement religieux. L’imam a dit ces mots après avoir dénoncé la cherté de l’électricité au Sénégal et invité les autorités à se pencher sur la question.

Ce discours engagé de Maodo nous invite à réfléchir sur la finalité de la religion. La religion doit-elle se limiter à l’observation des rituels obligatoires ? À en croire la majorité des sermons des oustaz sénégalais, on serait tenté de répondre par l’affirmative. Or, si l’on interroge la vie du Prophète Muhammad (Psl), on se rend compte qu’il s’est toujours préoccupé du sort de son prochain, particulièrement des plus faibles. Malheureusement chez nous, on confond souvent la fin avec les moyens. Si l’islam nous recommande la prière quotidienne, c’est pour modeler notre comportement afin que nous soyons justes et empathiques envers notre prochain. À quoi peut bien servir toutes ces prières, ces événements religieux, ces séances de zikr collectif, si la corruption, l’injustice, l’indifférence face à la souffrance des autres ne cesse de croître ?

Si un prêcheur est incapable de s’indigner face à une injustice manifeste, il ne mérite plus de prendre la parole en public. Le discours religieux vise à infléchir le comportement des fidèles dans le bon sens. Il doit nous amener à cultiver notre humanité pour atteindre la version la plus achevée de soi. Il doit nous pousser à repenser la configuration de notre société et rappeler la responsabilité de chaque acteur. Surtout ceux à qui le pouvoir public est confié.

Cependant on constate de plus en plus que les événements religieux sont transformés en meetings politiques où le religieux, censé rappelé la parole de Dieu, fait l’éloge du politicien. Et puisque la nature a horreur du vide, le politicien en bon opportuniste profite souvent de l’occasion pour étaler ses connaissances religieuses assimilées pour la circonstance. Quel triste spectacle!

Aujourd’hui, il urge de repenser le discours religieux qui doit avoir pour objet unique de réconcilier l’homme avec son Créateur. Et pour ce faire, il doit avoir pour unique fondement la vérité et bannir la complaisance. Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh, imam Ahmadou Rafahi Mbacké et tous ceux qui s’inscrivent dans la même lignée ont montré la voie royale à suivre.

Notre passage sur terre est très éphémère. Seules nos œuvres subsistent à l’usure du temps. Qu’Allah nous guide sur la bonne voie. Nul doute qu’Il est Miséricordieux. Car Il nous a dotés de la précieuse faculté de pouvoir choisir entre le bien et le mal. Donc la balle est dans notre camp.

JUMMAH MUBARAK !

Chérif Abdoul Aziz Touré

Directeur de Dabakh FM

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