Pas de troisième présidentielle pour Macky Sall au Sénégal: les réactions à sa déclaration

0

Le président sénégalais a annoncé lundi soir à la télévision qu’il ne briguera pas de troisième mandat lors de la présidentielle prévue pour février prochain. Une « décision murement et longuement réfléchie », dit le chef de l’État, qui prend beaucoup d’acteurs politiques et observateurs à revers.

■ Déthié Fall, président du Parti républicain pour le progrès (PRP), membre de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi, entend une annonce qui va dans le bon sens, mais il attend davantage du chef de l’État

Enfin, il accepte ce que la Constitution lui impose […] C’est un pas qui n’est pas suffisant : il s’agit de faire les pas nécessaires pour l’apaisement du climat politique, ce n’est pas difficile. D’abord, la libération de tous les détenus politiques, mais aussi la participation de tous à l’élection présidentielle […] Aujourd’hui, ce droit qui l’empêche de se présenter nous donne également ce droit nous autres de se présenter et à Ousmane Sonko aussi.

■ Pour Aminata Touré, ancienne Première ministre qui a quitté la majorité en septembre dernier, désormais candidate à la présidentielle, il n’est jamais trop tard pour respecter la Constitution, mais elle reste vigilante.

Ce n’est pas une faveur que le président Macky Sall fait au Sénégal, c’est au contraire face à la clameur générale […] qu’il a dû reculer. Pour moi, il aurait pu nous épargner tous ces moments difficiles pour le pays et notamment la mort de 16 manifestants puisque le background, c’était quand même cette histoire de troisième mandat qu’il aurait dû clarifier depuis très longtemps. Nous restons vigilants parce que nous souhaitons que soient organisées des élections inclusives […] libres, et transparentes [….]

■ Mamadou Mbodj, coordonnateur de la Plateforme des forces vives F24, se sent à la fois soulagé, déçu et inquiet pour les élections à venir.

Soulagé parce qu’on voulait qu’il ne se présente pas, la loi ne lui donne pas la possibilité de le faire ; déçu parce qu’il dit que la loi lui permet […] En tant que démocrate et homme d’État, il aurait dû avoir la hauteur et dire qu’il se conforme aux dispositions constitutionnelles […] Il a été beaucoup question de violences dans son discours, mais il pointe du doigt accusateur les autres, les «forces occultes», les «fossoyeurs de la république» alors que la violence est d’abord institutionnelle […] elle s’abat sur les populations, sur les opposants. C’est le fait de son gouvernement, de ses forces de défense et de ses nervis […]

Pape Mahawa Difou, coordonnateur de la cellule communication de la coalition au pouvoir Benno Bokk Yaakaar, y voit une excellente nouvelle pour la démocratie sénégalaise.

Ça s’inscrit dans une tradition de passation pacifique du pouvoir de l’histoire de notre pays […] Une décision qui n’est pas nouvelle, il l’avait déjà annoncée en 2019. Lorsque les gens ont voulu mettre une pression de l’opinion sur le sujet, il a choisi de ne plus l’aborder […] Clairement, nous n’avons pas de dauphin, mais demain est un autre jour.

Pape Mahawa Difou

Le sentiment général dans la population sénégalaise, c’est le soulagement. Les rumeurs d’une candidature faisaient craindre des manifestations, alors que le Sénégal sort d’un mois de juin difficile avec de violents heurts à la suite de la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko. Des séquelles qui ne sont pas pardonnées par d’autres. Florilège de réactions recueillies à Dakar par notre correspondante, Charlotte Idrac.

«Macky Sall est sorti par la grande porte, bravo à lui […] » ; «Je ne suis ni satisfait ni soulagé parce que c’est un discours qu’il est obligé de prononcer […] Des vies ont été perdues, donc je ne peux pas le féliciter» ; « il a fait ce qu’il fallait, il a tenu sa parole ».

Source : RFI

Leave A Reply

Your email address will not be published.