An 63 de l’indépendance : Pari sur la souveraineté militaire.

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Depuis quelques mois, le Sénégal procède à un réajustement stratégique de ses Armées en créant de nouveaux cantonnements militaires et brigades de gendarmerie dans des endroits très reculés du pays. Face à la montée de la menace terroriste et d’autres menaces transnationales, il s’agit d’une nécessité pour faire face à la dégradation de la situation sécuritaire dans la sous-région ravagée par des attaques terroristes. A la veille de ce 63ème anniversaire de l’indépendance du Sénégal, Le Quotidien met à jour la carte sécuritaire du pays.

 

Par Ousmane SOW – An 63… Il y a bien sûr le rituel de la célébration et le cérémonial prévus dans la matinée de demain à la Place de l’Indépendance. C’est la fête de l’Armée qui est à la… fête depuis quelques années avec l’amélioration de ses conditions de vie et de travail. Inaugurée en décembre, l’Ecole nationale de la Marine est le dernier édifice militaire qu’il fallait construire. Elle vient compléter la carte scolaire des Armées : il y a l’Ecole de l’Armée de l’air, celle des sapeurs-pompiers, l’Ecole de guerre, celle des officiers, celle de l’Administration pénitentiaire… Sans oublier celles qui sont qui sont déjà là comme l’Ecole nationale des officiers d’active (Enoa), l’Ecole nationale des sous-officiers d’active (Ensoa), l’Ecole nationale de police. Sous Macky Sall, les corps qui ne disposaient pas de centres de formation ont obtenu leur indépendance académique. Bref, le Sénégal veut obtenir sa propre souveraineté sécuritaire en formant sa propre élite militaire et paramilitaire. Qu’est-ce qui peut expliquer cette militarisation accélérée de plusieurs zones ? Evidemment, la situation explosive de la sous-région, où se meuvent des terroristes, pousse tous les pays à réajuster leur stratégie sécuritaire pour faire face aux menaces transnationales. Cette vision du Président est-elle liée à son passé de ministre de l’Intérieur ? Chez lui, il y a cet investissement dans les infrastructures et les ressources humaines, au-delà du budget toujours en hausse des Forces de défense et de sécurité, du recrutement massif d’agents, des revalorisations des indemnités, qui rappellent les urgences sécuritaires dans une sous-région agitée.

 

Face à l’expansion du conflit malien dans la région du Sahel et la menace qu’elle pose aux régions côtières d’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal, il est important de renforcer la capacité de réponses des soldats. Goudiry, Fatick, Louga, Maka et aussi Fongolimbi… On entendait le nom de cette localité quand certains voulaient citer un coin lointain… Depuis juin dernier, elle est placée sur la carte sécuritaire du pays avec l’inauguration de sa nouvelle brigade territoriale par Me Sidiki Kaba. Son installation dans cette commune, située à la frontière guinéenne, n’est pas anodine : «cette importante infrastructure traduit la vision politique du président de la République, qui élève au rang de priorité nationale le renforcement de la sécurité des personnes et des biens dans un contexte marqué par l’émergence de nouveaux enjeux sécuritaires. L’érection de cette Brigade territoriale de Fongolimbi, d’une part, constitue une réponse à une demande sécuritaire légitime des populations et, d’autre part, consacre la montée en puissance de la Gendarmerie nationale dans cette zone afin d’y offrir une réponse appropriée face aux nouvelles formes de criminalité», explique le ministre des Forces armées.

 

Aujourd’hui, l’érection d’une brigade territoriale à Fongolimbi vient «combler» un vide sécuritaire. Khossanto, qui a aussi étrenné sa brigade territoriale, s’ajoute à la Section de recherches de Tambacounda et l’Escadron de surveillance et d’intervention à Saraya. Dans le Sud-est, Nord-est, l’Etat est en train de construire un écosystème sécuritaire dense et proche des zones vulnérables. Depuis des mois, l’Armée et la gendarmerie procèdent à une réécriture de la carte sécuritaire en créant de nouveaux cantonnements militaires et brigades de gendarmerie. Bref, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, en passant par le Centre, le maillage du territoire national est une réalité. Le Camp militaire de Goudiry, situé à l’Est du Sénégal, à la frontière malienne, accueille le 4ème Bataillon de reconnaissance et d’infanterie de l’Armée. Par exemple, il permet, en liaison avec les autres Forces de sécurité, de lutter avec plus d’efficacité contre l’insécurité et les menaces transfrontalières. Pour Macky Sall, ce projet structurant «s’inscrit dans ma vision de moderniser notre outil de défense pour le hisser à la hauteur de la complexité croissante des menaces sécuritaires. En effet, dans un monde lourd de périls qui menacent en permanence la stabilité des nations en marche vers des lendemains meilleurs, il nous incombe d’anticiper et de surtout veiller à la préservation d’un environnement de paix et de sécurité, unique gage de la quiétude nécessaire au développement économique et social de notre pays. Le camp militaire de Goudiry est la matérialisation d’un projet tout à fait en phase avec la posture permanente de sûreté. Il vient donner plus de cohérence au dispositif sécuritaire sur la frange frontalière et de densité au maillage d’ensemble du territoire national». Pourquoi le choix de Goudiry ? «Goudiry est le plus vaste département du Sénégal. Cette localité est à la confluence du chemin de fer et de la Route nationale n°1 qui relient Tambacounda au poste frontalier de Kidira. Donc, le redéploiement de nos forces au plus près des frontières permet dès lors d’adopter une posture d’anticipation et de veille face aux menaces multiformes induites par les groupes armés terroristes et la criminalité transfrontalière organisée», ajoute le Président Sall qui a inauguré ce camp en décembre dernier.

 

Il va donc jouer un rôle central dans le dispositif de la Zone militaire n°4 qui englobe les régions administratives de Kédougou et Tambacounda, couvrant ainsi près du tiers de la superficie nationale. Avec la création et la montée en puissance effective du 34e Bataillon d’infanterie à Kédougou et l’érection en cours ou envisagée de fortes bases opérationnelles avancées, la capacité opérationnelle des Fds est décuplée. Sans oublier le Groupement d’action rapide de surveillance et d’intervention (Garsi) établi non loin, dans la localité de Nayé dans le Kidira, et Némading, dans le département de Foundiougne, vers la frontière gambienne.

 

Macky Sall : «C’est un acte de souveraineté»

Il faut savoir que cette année, le thème du défilé est «Forces de défense et de sécurité : préservation des ressources». En perspective de l’exploitation des hydrocarbures, qui s’ajoute aux menaces transnationales, l’érection d’autant d’infrastructures constitue un recadrage stratégique et obéit aux mêmes impératifs sécuritaires pour une protection maximale de l’intégrité territoriale du pays, comme l’a souligné le chef de l’Etat dans son discours lors de l’inauguration de l’Ecole de la Marine nationale.

 

«Au regard des enjeux, ce renforcement considérable de capacités matérielles et logistiques de notre Marine est un acte de souveraineté de première importance pour protéger notre sécurité et notre économie. (…) Il n’y a d’Armée sans hommes et femmes qui incarnent son âme, sa force et son intelligence stratégique et tactique», note le Président Sall. Il avait annoncé la livraison d’un navire dénommé le «Walo», doté d’un système extrêmement moderne, et qui sera suivi de deux autres navires dans des séquences de six mois. Dans le cadre de l’augmentation de ses capacités logistiques, l’Armée a réceptionné un nouvel avion de transport ce vendredi : l’aéronef peut transporter des effectifs substantiels de combattants équipés et peut permettre le parachutage de personnels, de matériels et de vivres. Il peut également mener des missions d’évacuation sanitaire avec une grande capacité d’emport.

 

Pour tester le niveau de préparation des troupes : Une répétition générale du 4 Avril à Ouakam

 

La base aérienne Capitaine Mame Andalla Cissé de Ouakam, à Dakar, a abrité, samedi, une répétition générale en prélude au défilé militaire et paramilitaire devant se tenir mardi à l’occasion de l’anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, a constaté l’Aps. La cérémonie a été présidée par le Général de corps d’Armée Cheikh Wade, Chef d’état-major général des Armées (Cemga), en présence de nombreux officiers supérieurs et des détachements de plusieurs corps des Forces de défense et de sécurité.

 

Des écoles militaires et paramilitaires, à l’instar du Prytanée militaire de Saint-Louis et de l’Ecole militaire de santé, ainsi que des établissements de différentes communes de la région de Dakar ont également pris part à la cérémonie qui a durée de 8h à 14h. «Cette répétition générale nous donne une idée du niveau de préparation du défilé du 4 Avril», a dit le Chef d’état-major général des Armées. Le traditionnel défilé militaire et paramilitaire du 4 Avril sur l’avenue du Centenaire n’a pas été organisé ces trois dernières en raison de la crise sanitaire née de la propagation du Covid-19. Une sobre cérémonie de prise d’armes était organisée à sa place au palais de la République. Donnant son appréciation de la prestation, le Chef d’état-major général des Armées a appelé les participants à un «maximum de concentration en vue de représenter dignement» leurs détachements et leurs structures d’origine à cette cérémonie solennelle. Par moments «insatisfait» de la prestation de certains détachements, le Général Cheikh Wade a même demandé la reprise du défilé motorisé, une «prestation inacceptable», a-t-il fait remarquer.

 

Le Chef d’état-major général des Armées a toutefois demandé l’exclusion de deux écoles qui n’ont pas été à la hauteur, faisant preuve d’impréparation manifeste, a-t-il argué. Il a également insisté sur le respect du timing et l’exigence d’une tenue correcte pour les écoliers et leurs encadreurs. Le Chef d’état-major général des Armées ainsi que les officiers supérieurs ont parlé de «critiques constructives» à prendre en considération pour une belle réussite du défilé du 4 Avril.

#Source : lequotidien

 

 

 

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