De quoi est mort le président tanzanien John Magufuli ?

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Officiellement, le président tanzanien John Magufuli est mort de problèmes cardiaques. C’est ce qu’a annoncé la vice-présidente à la télévision ce mercredi 17 mars, après plus de deux semaines d’absence inexpliquée du chef de l’État.

« Réélu aisément en octobre dernier pour un second mandat avec 84 % des voix, John Magufuli, 61 ans, était apparu pour la dernière fois en public le 27 février, et, pointe Le Monde Afrique, des rumeurs persistantes circulaient sur son état de santé. Certes, il souffrait de problèmes cardiaques depuis dix ans, a indiqué la vice-présidente. » Mais, « il y a une semaine, le chef de l’opposition, Tundu Lissu, en exil en Belgique, avait commencé comme d’autres à s’interroger sur l’absence du président, le disant atteint d’une forme sévère de Covid-19, aggravée par des problèmes de santé. »

Du Covid-19 ?
D’autres sources affirment que le président tanzanien était malade du Covid-19, pointe Jeune Afrique. « L’universitaire britannique Nic Cheeseman, fondateur du site Democracy in Africa, affirmait récemment tenir de deux sources différentes que John Magufuli était « sérieusement malade et avait été hospitalisé à Nairobi au Kenya », précise l’hebdomadaire panafricain. « Ne comptez pas sur le gouvernement tanzanien pour confirmer cette information », avait-il affirmé. »

Le virus en libre-circulation
En effet, poursuit Jeune Afrique, officiellement, il n’y a pas de Covid-19 en Tanzanie. « Le pays n’a mis en place ni confinement ni quarantaine. Les touristes y sont toujours les bienvenus sans mesure de précaution particulière. Marchés et restaurants restent ouverts et, dans les grandes villes, on croise peu de porteurs de masques. […] La version officielle de l’histoire du Covid-19 en Tanzanie tient en deux lignes, pointe l’hebdomadaire. Officiellement, le premier cas de contamination est recensé dans le pays le 16 mars 2020. Les chiffres augmentent modestement dans les semaines qui suivent, puis la progression s’interrompt brusquement. Fin avril, John Magufuli décrète que la Tanzanie a vaincu le virus et cesse de publier le nombre de malades et de morts. Si bien qu’un an plus tard, le pays revendique officiellement 509 personnes contaminées et 21 victimes quand le Kenya voisin, pour une population comparable, en déplore respectivement 106 000 et 18 000. » Et « les vaccins ? Le président ne veut tout simplement pas en entendre parler et la Tanzanie fait partie des rares pays d’Afrique n’ayant pas rejoint le dispositif international Covax, qui vise à réserver aux pays en développement une partie des doses produites par les grands laboratoires mondiaux. »

Le Kenya inquiet
« Au-delà des frontières, cette gestion de la pandémie inquiète, poursuit Jeune Afrique. Craignant une explosion des cas et la création de nouveaux variants locaux, le Kenya – qui assure que les malades tanzaniens demandant des soins affluent dans les hôpitaux de Mombasa – et la Zambie ont fermé leurs frontières avec la Tanzanie. Le Royaume-Uni a pour sa part placé le pays sur sa liste rouge et refuse l’entrée sur son territoire à tout voyageur venant de Dar es-Salaam. Quant à la France et à la Belgique, elles mettent en garde leurs ressortissants contre « l’absence de mesures locales de prévention » et déconseillent « strictement » de se rendre en Tanzanie. »

« La prière n’a pas suffi »
Alors, « l’ironie du sort, constate Ledjely en Guinée, c’est que le président Magufuli est vraisemblablement mort d’une maladie au sujet de l’existence de laquelle il émettait de sérieux doutes. […] À l’image de Jair Bolsonaro du Brésil et dans une moindre mesure de Donald Trump, le président tanzanien, fervent catholique, s’était distingué par les curieuses conceptions qu’il avait du coronavirus. Ainsi, en lieu et place des masques et d’autres produits pharmaceutiques, lui s’était borné à inviter ses compatriotes à prier pour se débarrasser du mal. […] Finalement, la prière n’a pas suffi… »

Pour sa part, Le Point Afrique précise que « de nombreux officiels tanzaniens sont décédés ces dernières semaines, souvent sans que la cause de leur mort soit précisée. Parmi eux, le premier vice-président de l’archipel semi-autonome de Zanzibar, Seif Sharif Hamad, décédé mi-février, dont le parti a, lui, indiqué qu’il avait contracté le Covid-19. Signe que le pays est totalement déconnecté, la Tanzanie n’a plus publié de données sur le Covid depuis avril dernier, ce qui a incité l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé, à appeler le pays à publier des données sur le coronavirus et à intensifier les mesures de santé publique. »

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