Cheikh Ahmadou Bamba, l’étreinte des deux rives : de l’Exil à l’Eternité ( Par Assane NIANG)
Gloire à Allah, le Tout-Miséricordieux, l’Éternel, qui dépose Sa lumière dans le cœur de ceux qui endurent, qui élève les humbles et transforme l’épreuve en chemin vers Lui.
Prière et paix sur le Prophète Muhammad (PSL), sceau des envoyés, lumière des lumières, guide des cœurs sincères, lampe qui éclaire les nuits de l’âme, par qui la patience se transmue en victoire et l’exil en retour vers la Présence divine.
Parmi Ses serviteurs choisis, Cheikh Ahmadou Bamba reçut la récompense voilée des persévérants : la prison se changea pour lui en sanctuaire d’intimité divine, le désert devint une vaste mosquée à ciel ouvert, et chaque pas imposé se révéla être une foulée vers l’éternité.
Djéwol, Ndar , Mayomba, Sar Saara … Noms désormais gravés dans le Livre des Signes, comme des Panégyriques sacrées portées par le Temps. Ceux qui voulurent effacer son empreinte furent, malgré eux, ordonnés par le Décret à devenir les gardiens de sa victoire.
La forêt du Gabon ploya sous le secret de son isolement, mais chaque branche se fit langue pour chanter les louanges du Serviteur de l’Elu (PSL). Le désert mauritanien tenta de l’ensevelir, mais le sable dompté , devint une emprise pour les âmes assoiffées vers les citadelles de la Grâce.
Touba ne fut pas seulement une ville, mais une réponse d’Allah à la patience. Le Magal ne fut pas seulement un souvenir, mais un rappel éternel : les oppresseurs passent, la foi demeure. Les chaînes humaines ne faisaient que révéler les chaînes des mystères sur le Peloton brisé des infâmes. Ceux qui croyaient triompher devinrent, sans le savoir, les scribes de sa victoire.
Le 10 août 1895, à Djéwol, on arrêta un homme dont le cœur contenait l’oracle des bénédictions. De Saint-Louis aux confins du Gabon, ses pas battirent le rythme des louanges. A Mayomba, sept ans et neuf mois durant, le climat et l’isolement ne dominèrent son corps fragile devant l’épreuve mais rehaussé devant la gloire.
L’ombre des arbres devint son parchemin et chaque feuille glorifiait avec lui les panégyriques de la Jouvance. Dans cette touffeur, il composa des Qasâïd de l’aurore solicitant l’amour Noble Élu ( PSL) rédempteurs des âmes de la félicité.
En novembre 1902, son retour au Sénégal fut décrété depuis les cieux.Les cœurs s’enflammèrent, les âmes vibrèrent d’une espérance longtemps contenue. Ses disciples accoururent en foules ferventes, reconnaissant en lui la promesse tant attendue, l’accomplissement d’une attente Prodigieuse.
Mais l’épreuve, cruelle et inévitable, n’était pas terminée.
L’année 1903 le vit arraché à sa terre, s’enfonçant dans l’exil du Désert Saharien de la Mauritanie. Le sable caniculaire devint son emprise, le vent du désert son seul interlocuteur. Pourtant, même prisonnier des solitudes arides, sa popularité ne faiblit pas. Bien au contraire, elle embrasa l’horizon, traversant les dunes infinies pour toucher les cœurs assoiffés de vérité.
Le désert, geôlier impitoyable, devint témoin de sa gloire révérencielle.
Entre ces exils, Ndar et Djéwol furent des haltes forcées, des silences imposés par le destin.Pourtant, même captif, il ne cessait de semer la paix et la quiétude.Dans le cœur de ses gardiens, il glissait des graines de la sérénité; dans l’âme des indifférents, il allumait des étincelles de foi. L’attente elle-même devenait féconde.
Puis vint le retour du Grand Cheikh aimé et adulé. Non pas un simple retour, mais la naissance d’une aube scintillante, jaillie du sable comme une litanie éprouvée et pétrifiée.
Plus qu’une cité : une citadelle auréolée de gloire somptueuse ouverte aux cieux de la Grande Miséricorde. Et là, désormais, repose Celui qui ne dort pas. Car comment le souvenir d’un tel homme pourrait-il s’éteindre ?
Chaque Magal est une promesse renouvelée : non pas seulement le rappel d’un retour, mais la preuve éclatante que la foi défie les frontières, les exils, et même le temps.
Cheikh Ahmadou Bamba n’était pas un homme, il était un passage. Une guidée qui marchait, inlassable, à travers les ténèbres du siècle des pénombres. Un miroir où se reflétait, malgré la fragilité des jours, l’éternel visage du Sublime Créateur Allahou Haza Wa Jalla.
Ceux qui l’ont vu ont contemplé la patience se faire visage. Ceux qui ne l’ont pas vu ressentent encore sa présence, car sa sainteté n’est pas de chair et d’os, mais de souffle et d’éclat . Sa rétribution demeure un éclat qu’aucun exil, aucune prison, aucun désert n’a pu éteindre.
Pressafrik
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