Une enquête explosive de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) vient de mettre au jour des flux financiers douteux impliquant la société Okapi Sénégal Suarl. Au cœur du dossier : des dépôts et transferts faramineux estimés à plus de 47 milliards de Fcfa, effectués dans des conditions plus que suspectes.
Entre le 1er juin 2021 et le 19 avril 2022, la société Okapi Sénégal Suarl a vu transiter sur l’un de ses comptes bancaires un total cumulé de 20.787.790.245 Fcfa en dépôts. Des montants jugés « exorbitants » par les enquêteurs, d’autant plus que certains versements ont été réalisés avant même le démarrage officiel de l’activité déclarée par la société.
Fait troublant : la majorité des dépôts, souvent fractionnés, a été effectuée par quatre individus identifiés comme I.Dia, G.Tine, S.Diallo et M.Gueye. Ces personnes « n’ont pas de liens visiblement connus Okapi Sénégal Suarl », selon le rapport de la CENTIF. Ce schéma de dépôts fractionnés, généralement utilisé pour contourner les mécanismes de détection du blanchiment, a immédiatement attiré l’attention des services financiers.
Alertée par ces mouvements suspects, la banque a interrogé Okapi Sénégal Suarl. La société aurait alors déclaré exercer des activités d’intermédiation. Or, la CENTIF révèle qu’elle ne détient aucun agrément légal pour ce type d’activité, ce qui constitue une violation potentielle de la réglementation en vigueur.
Le scandale ne s’arrête pas là. L’enquête dévoile également que plus de 26.485.544.998 Fcfa ont été transférés vers plusieurs sociétés ou entités totalement inconnues du réseau bancaire de la société. Ces transferts massifs et opaques renforcent les soupçons de blanchiment d’argent, de fraude ou d’activités non déclarées.
Sur la base de ces éléments, une information judiciaire a été ouverte par le parquet financier, et le dossier confié au juge du 3e cabinet financier. Il s’inscrit dans le prolongement d’un autre rapport de la CENTIF visant plusieurs hommes d’affaires et grands commerçants clients de « Choice Forex », une entité également sous la loupe des autorités. Les premières inculpations sont attendues dès lundi.
Ce nouveau scandale met une fois de plus en lumière l’ampleur des circuits financiers informels qui échappent au contrôle de l’Etat et fragilisent l’économie nationale. Les prochains jours seront décisifs dans l’établissement des responsabilités et ramifications de cette affaire tentaculaire.
Pressafrik
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