Thiaroye : 81 ans après, les fouilles dévoilent des corps enchaînés, mutilés et enterrés hors des tombes officielles
À l’occasion du 81ᵉ anniversaire du massacre de Thiaroye, le Président Bassirou Diomaye Faye présidera, ce lundi 1ᵉʳ décembre 2025, la cérémonie officielle de commémoration. Mais cette édition revêt une importance particulière : les premières conclusions des fouilles menées par la sous-commission archéologie de la Commission « Massacre de Thiaroye » viennent bouleverser les certitudes jusque-là relayées par l’histoire officielle.
Ces investigations, menées depuis plusieurs mois sur le site du camp, confirment l’existence de sépultures réelles, démentent la version coloniale et révèlent des traces de violences extrêmes exercées contre les Tirailleurs sénégalais et ouest-africains, rentrés du front pour réclamer leurs soldes.
Des tombes qui ne correspondent pas aux corps : la mise en scène coloniale confirmée
Selon Lesoleil.sn visité par Senego, les fouilles ont permis d’établir que les tombes visibles aujourd’hui ne correspondent pas aux véritables lieux d’inhumation des victimes.
Les squelettes retrouvés sont situés en dehors des tombes officielles, orientés dans des directions qui ne correspondent pas aux stèles, parfois regroupés, suggérant des enterrements collectifs.
Ces incohérences accréditent deux hypothèses majeures : l’existence d’une fosse commune dissimulée, recouverte ensuite de tombes factices ; une mise en scène coloniale destinée à valider la version française qui n’a jamais reconnu que 34 morts.
Des preuves matérielles de violences extrêmes
Les restes humains analysés révèlent des lésions graves et multiples : côtes manquantes, colonnes vertébrales ou bassins absents, corps incomplets, crânes absents pour certains, squelettes présentant des traces d’enchaînement. Ces éléments confirment des mises à mort violentes, loin du récit officiel d’une prétendue « mutinerie réprimée ».
Des tirailleurs gradés identifiés parmi les victimes
Les chercheurs ont aussi identifié des objets formels attestant du statut militaire des victimes, notamment : des épaulettes, des insignes, des décorations. Ces découvertes battent en brèche les tentatives historiques de minimiser la dimension militaire des victimes ou de les présenter comme des « fauteurs de troubles ».
Des coffrages en bois et de nouvelles pistes d’enquête
Certaines sépultures comportent des coffrages en bois, un procédé inhabituel pour des tirailleurs enterrés à la hâte. Plusieurs pistes sont envisagées : des soldats africains morts ailleurs et amenés ensuite à Thiaroye, ou même la présence de dépouilles de militaires ou civils français enterrés au milieu des tirailleurs.
Un tournant dans la quête de vérité
Ces découvertes confortent l’appel à la transparence du Président Bassirou Diomaye Faye, qui réclame depuis son arrivée au pouvoir la déclassification des archives françaises.
Le Chef de l’État, qui avait déjà instauré le 1ᵉʳ décembre comme Journée du Tirailleur, s’est engagé à aller « jusqu’à la dernière pierre soulevée » pour établir la vérité historique.
En recevant le Livre blanc le 16 octobre dernier, il rappelait que « la vérité historique ne se décrète pas, elle s’exhume ».
Ce lundi, en présidant la commémoration à Thiaroye, il portera une nouvelle fois cette exigence de justice pour les tirailleurs originaires de 17 pays d’Afrique, tombés à l’aube du 1ᵉʳ décembre 1944 pour avoir réclamé simplement leur dû.
Senego
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