BASSIROU DIOMAYE FAYE : « L’AFRIQUE DOIT COMPTER SUR ELLE-MÊME POUR SE NOURRIR »

En ouvrant les travaux du 19ᵉ Forum africain sur les systèmes alimentaires ce lundi à Dakar, le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a lancé un appel fort à l’endogénéité, à la solidarité continentale et à l’investissement stratégique pour bâtir des systèmes alimentaires robustes. À ses yeux, l’Afrique ne pourra assurer sa sécurité alimentaire qu’en comptant d’abord sur elle-même, en valorisant ses ressources propres et en remettant l’agriculture au cœur de son modèle de développement.

« Pour se nourrir, l’Afrique devra compter d’abord sur elle-même », a-t-il déclaré en préambule, soulignant l’urgence de rompre avec la dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Pour cela, le continent doit puiser dans son potentiel économique, humain et naturel, en misant sur des solutions locales, adaptées à ses réalités et maîtrisées par ses propres acteurs.

Le président Faye a également dénoncé un mythe tenace : celui d’une agriculture perçue comme un secteur de survie, sans avenir, souvent relégué aux populations rurales âgées ou marginalisées. Il a invité les États africains à inverser cette image en rendant les campagnes plus attractives, à travers le désenclavement, l’accès aux services sociaux de base, et des investissements ciblés capables de valoriser le potentiel économique de chaque territoire rural.

Sur le plan économique, le chef de l’État sénégalais a mis l’accent sur l’importance de renforcer le commerce intra-africain. Il a appelé à exploiter pleinement les opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pour faciliter la circulation des produits agricoles, leur transformation et leur mise sur les marchés, à l’échelle régionale comme continentale.

Autre levier essentiel évoqué : le secteur privé. Pour Diomaye Faye, l’Afrique a besoin d’un secteur privé national et africain fort, capable d’investir dans l’agrobusiness, de satisfaire la demande intérieure et de conquérir les marchés extérieurs. Il a insisté sur le rôle de ce secteur dans l’émergence de chaînes de valeur locales, condition sine qua non pour une véritable industrialisation du secteur agricole.

« Unissons nos volontés, mobilisons nos ressources, et faisons de la création de systèmes alimentaires robustes le moteur d’une renaissance africaine fondée sur la souveraineté et le développement partagé », a lancé le président, dans un appel à la mobilisation générale.

Mais c’est à la jeunesse que le président a réservé un message particulier, affirmant sa confiance en son énergie, sa créativité et sa détermination. Il a appelé les dirigeants africains à créer les conditions permettant aux jeunes d’agir, d’entreprendre et de s’investir durablement dans l’agriculture.

« Faisons de l’agriculture un choix de carrière désirable pour les jeunes Africains », a-t-il plaidé, concluant son intervention par un appel à l’unité et à l’engagement collectif pour atteindre l’autosuffisance alimentaire sur le continent.

C’est sur ces mots que Bassirou Diomaye Faye a officiellement déclaré ouverts les travaux du Forum, qui réunit cette année à Dakar décideurs politiques, acteurs du secteur privé, experts, chercheurs et représentants de la société civile autour d’un objectif commun : repenser les systèmes alimentaires africains pour un avenir souverain, durable et prospère.

 

RTS

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