[Le Match] Ceebu Jën Rouge vs Ceebu Jën Blanc : Quel est le meilleur plat ?

À Dakar, dans les ruelles animées comme dans les foyers les plus modestes, le ceebu jen ou thiéboudiène (riz au poisson) est bien plus qu’un plat : c’est un patrimoine, une fierté nationale. Mais entre sa version au riz blanc (“thiéb bou wekh”) et celle au riz rouge (“thiéb bou honk”), les préférences des Sénégalais semblent s’affirmer nettement.
 
 
Sondages en ligne : le blanc plus appétissant que le rouge
 
 
Pour tester les préférences des Sénégalais, nous avons interrogé deux communautés actives sur Facebook : Let’s Go Sortir au Sénégal et Femme Chic. Les résultats sont sans appel.
 
 
– Sur Let’s Go Sortir au Sénégal, 94 personnes ont plébiscité le thiéboudiène blanc, contre 53 pour le rouge.
 
 
– Sur Femme Chic, 159 femmes ont préféré le riz blanc, tandis que le rouge n’a convaincu que 53 d’entre elles.
 
 
Cette tendance semble solidement ancrée dans les habitudes de consommation. « Je cuisine le thiéb blanc au moins huit fois par mois », confie Aïssatou Sarr, mère de quatre enfants. « Mes enfants le réclament tout le temps. Le rouge, je le réserve pour les grandes occasions », ajoute-t-elle.
 
 
Dans les gargotes et les foyers, le riz blanc en tête
 
 
Fatou Tine, restauratrice dans un quartier de la banlieue dakaroise, confirme cette dynamique : « Quand je sers du thiéb bou wekh, c’est comme une fête. Le plat est fini avant midi. Pour le rouge, il en reste souvent au fond des marmites. »
 
 
Ndèye Ba, 35 ans, préfère quant à elle le thiéboudiène rouge, mais elle évoque un facteur décisif : « Ma belle-mère ne tolère pas la tomate concentrée. Du coup, je prépare beaucoup plus souvent le blanc. Et honnêtement, c’est plus digeste. »
 
 
Le revers de la fourchette : ce que disent les spécialistes
 
 
Cette popularité soulève toutefois des questions. Le Dr Kéba Tamba, expert en nutrithérapie et micronutrition, relativise les mérites des deux versions : « Sur le plan nutritionnel, il n’y a pas de grande différence entre les deux. Tous deux sont riches en glucides rapides et très pauvres en micronutriments. » Il précise : « Les aliments cuits comme le thiéboudiène n’apportent pas les éléments les plus essentiels à l’organisme. On y trouve des protéines, des lipides et des glucides, mais les vitamines et les minéraux sont en quantité négligeable. »
 
 
Concernant la tomate concentrée, souvent jugée « acide » à tort, le Dr Tamba explique : « Ce n’est pas la tomate elle-même qui pose problème, mais l’irritabilité du côlon chez certaines personnes. »
 
 
Entre tradition et précaution
 
 
Le thiéboudiène reste profondément ancré dans la culture sénégalaise, mais sa consommation quotidienne pose des défis de santé publique. Le Dr Tamba met en garde : « Un excès de riz, combiné à une faible diversité alimentaire, peut favoriser des maladies métaboliques comme l’obésité, le diabète ou l’hypertension, sans oublier les troubles articulaires ou certains types de cancers. »
 
 
Pourtant, renoncer à ce plat semble impensable pour beaucoup. « C’est notre patrimoine culinaire », s’enthousiasme Mbathio Dia, jeune chef ayant travaillé dans des restaurants gastronomiques. Elle nuance : « Dans les restaurants huppés, le thiéb rouge est souvent préparé pour des invités de marque ou des événements spéciaux. Au quotidien, le thiéb blanc domine. » Elle conseille toutefois de trouver un équilibre : « Il est déconseillé de consommer du riz tous les jours. On peut alléger le plat et privilégier une cuisson au four pour les légumes et le poisson afin de préserver leurs valeurs nutritionnelles. »

 

 

Seneweb

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