Réformes des universités : Supprimer ces langues inutiles comme l’espagnol, l’allemand ou le russe
Le gouvernement, à travers le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) a lancé l’Agenda national de transformation de l’enseignement supérieur sous la présidence du chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye. Les autorités entendent à la fois réorienter le système universitaire tout en limitant les dépenses non nécessaires.
Selon le président de la République, sur un investissement annuel par étudiant de 1 118 000 F CFA, seuls 483 F CFA sont destinés au volet pédagogique, le reste allant aux services sociaux.
Ce focus sur le social cache d’autres dépenses à l’utilité douteuse. Par exemple, des milliers d’étudiants sont orientés depuis des années dans des départements où ils ne font qu’étudier des langues étrangères, sans aucune autre qualification. À l’heure de la réforme de l’enseignement supérieur, il faut oser mettre sur la table la suppression des départements de langues, qu’elles soient germaniques, anciennes, slaves, romanes, persanes, hispaniques…
Pourquoi investir des milliards pour que nos enfants étudient le portugais, l’allemand, l’espagnol ou le russe. Combien de nos étudiants passés dans ces départements occupent aujourd’hui une fonction liée à ces langues ? Le pourcentage ne dépasserait pas un chiffre. Ces départements sont l’illustration parfaite d’un enseignement supérieur en déphasage avec les besoins du pays.
Il n’est pas question ici de dire qu’on ne doit pas étudier ces langues. Ce que nous disons, c’est qu’on n’a pas besoin de milliers d’étudiants et de départements dédiés. Quelques centaines suffisent largement. Et pour cela des établissements comme l’Institut des langues étrangères appliquées (ILEA) de l’UCAD suffisent largement. Ce seraient alors quelques dizaines d’étudiants par langue qui pourraient espérer trouver de l’emploi dans les ambassades, les centres culturels, les fondations et les instituts liés à ces pays et quelques structures publiques ou privées afin de faciliter les relations de coopération.
Tous ces départements peuvent être remplacés ou fusionnés dans des filières en lettres et sciences humaines qui répondent plus aux besoins du marché. Le Sénégal ne peut plus se payer le luxe d’avoir tout un département pour des langues telles que le latin et le grec, dépassées par l’évolution du monde. Certains vous diront qu’elles aident à mieux maitriser le français. Et après ?
Renforcer l’anglais et les sciences
Au lieu de perdre du temps avec les langues européennes qui ne cessent de perdre de l’influence, le Sénégal ferait mieux de se mettre à la marche du monde. La maitrise de l’anglais par des autorités françaises, à commencer par le président, devait nous interpeller. Des manifestations se tiennent au cœur de Paris avec l’anglais comme langue de travail. Pendant ce temps, nos autorités, au plus haut sommet, continuent de porter des casques de traduction dans toutes les rencontres internationales. Les horizons de nos diplômés sont limités, la recherche plombée faute d’un niveau acceptable en anglais.
Le moment est venu d’arrêter ces langues optionnelles au CEM et au lycée et de renforcer l’anglais, les sciences et la technologie. Mais cela demande à la fois une vision et du courage. Il faut se donner un délai pour supprimer ces départements dépassés. Cela suppose d’abord que le gouvernement cesse de prendre les orientations des bacheliers comme une fin en soi. Tant qu’on n’arrête pas de considérer ces départements comme des déversoirs qui font l’affaire des politiciens en matière d’orientation de nouveaux bacheliers, le pas ne sera jamais franchi. De même, il faudra du courage pour faire face aux oppositions qui ne manqueront pas.
Les états généraux de l’éducation de 1981 n’ont pas réorienté le système, la CNAES de 2014 non plus. Si l’ANTESRI rate le coche, ce sera encore pour 10 à 20 ans de retard et de gaspillage des maigres ressources publiques.
Senego
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